Avec nos smartphones, envoyer notre position géographique est devenu un jeu d’enfant. Que ce soit pour retrouver des amis, signaler un problème ou se faire récupérer, les cas d’usage sont légion. Mais si le partage de localisation est l’un des gestes les plus utiles que permettent nos smartphones, il est aussi l’un des plus dangereux. Pour cause : quand on y regarde de plus près, on se rend vite compte qu’il s’agit également de l’un des plus intrusifs, notamment en termes de données personnelles. Dans cet article, on vous montre (1) comment envoyer votre position en quelques gestes, (2) comment vous assurer que vos données sont protégées et (3) on vous dévoile le moyen dont (presque) personne ne parle.
Méthodes simples pour partager sa localisation
Il y a des moments où partager sa localisation est moins une question de technophile que de survie sociale ou d’urgence, alors il faut du concret, du pragmatique, pas de blabla marketing. Oubliez les modes d’emploi interminables : le partage de position se joue souvent en moins de deux minutes.
Vue d'ensemble des méthodes
- Google Maps : Idéal pour envoyer votre géolocalisation en direct, paramétrer la durée et choisir vos contacts. Rapide sauf si Google décide que non.
- WhatsApp : Envoi instantané sous forme statique ou suivi en temps réel. Simple mais quid du chiffrement ?
- SMS/iMessage : Un partage manuel, mais universel. Parfait si votre interlocuteur n’a rien d’autre que l’appli Messages.
- Apps dédiées : Life360, Glympse ou Localiser sur iOS offrent un suivi poussé avec notifications et historique.
Durée approximative pour chaque méthode
Méthode | Temps estimé |
---|---|
Google Maps | 30–60 secondes |
20–45 secondes | |
SMS/iMessage | 30–90 secondes |
Apps dédiées | 1–2 minutes |
Pour la plupart des utilisateurs, le véritable défi est souvent le temps, et non la technologie.
Partager sa localisation via Google Maps
Envoyer sa position en temps réel via Google Maps, c'est le genre de fonctionnalité qui fait hurler les vieux de la vieille (et à raison). Pourtant, c'est souvent le seul moyen efficace pour éviter les situations pénibles ou franchement risquées. Mais attention : tout geste dans l'appli laisse une trace, et pas seulement celle que vous croyez.
Activation du partage de position en temps réel
Sur Android comme sur iOS 17, ouvrez l’appli Google Maps et touchez votre photo de profil (en haut à droite), puis sélectionnez « Partage de position ». Cliquez sur « Nouveau partage ». Choisissez combien de temps partager votre emplacement (de 15 minutes jusqu’à désactivation manuelle) et sélectionnez un contact (ou générez un lien partageable).

Chaque action génère des logs locaux ou côté serveur – oui, même si vous pensez « juste » envoyer votre position ! Ces fichiers contiennent la date d’activation, le destinataire, parfois l’adresse IP d'envoi. Même après suppression du partage, certains logs persistent sur votre appareil pendant plusieurs jours (et sur Google bien plus longtemps).
Paramétrage de la durée et des destinataires
Vous pouvez choisir la durée du partage grâce à une interface claire mais sournoisement paramétrable :
Option | Description | Limite |
---|---|---|
15 min / 1 h / 1 jour | Durée prédéfinie pour le partage | S'arrête automatiquement |
Jusqu'à désactivation | Partage actif indéfiniment | Manuel uniquement |
Générer un lien | Lien web unique à copier/envoyer | Utilisable par toute personne |
Sélection contact Gmail | Destinataire à sélectionner dans vos contacts enregistrés | Doit disposer d’un compte |
Il y a une astuce peu connue : partager par lien expose vos données à n'importe qui obtient ce lien... ce n’est pas vraiment du contrôle.
Arrêter le partage manuellement
Sur Android/iOS : retournez dans l’onglet « Partage de position », listez les contacts/lien actifs, puis touchez « Arrêter » à côté du nom ou du lien.
- Cette action stoppe l’accès en direct… mais laisse une empreinte numérique dans les historiques d’accès et logs internes.
- Anecdote : lors d’un audit terrain en 2023, un log "stoppé" était encore lisible via ADB sous Android… cinq jours après arrêt officiel. Le genre de détail qui ne figure jamais dans la FAQ officielle.
Envoyer sa localisation par messagerie instantanée
Parmi les méthodes "mainstream", partager sa position via messagerie instantanée est un piège à double tranchant. C'est pratique, mais il faut savoir lire entre les lignes (et entre les serveurs qui scrutent tout!).
WhatsApp : localisation en direct et statique
Pour envoyer une localisation statique sur WhatsApp : ouvrez la conversation, appuyez sur le trombone, puis « Localisation » et envoyez votre position actuelle. Pour un suivi en direct : même chemin, mais choisissez « Partager localisation en direct », définissez la durée (jusqu’à 8 heures).
- Statique : rapide, ne révèle qu’un point précis ; parfait pour éviter la surveillance continue. Mais chaque envoi laisse des logs côté appli et serveur.
- En direct : suivi continu, utile pour prévenir quelqu’un de vos déplacements pendant un trajet ou une situation à risque. Inconvénient : expose tous vos mouvements tant que c’est actif.
Si c’est gratuit, vous êtes la monnaie : WhatsApp vante son chiffrement, mais n’oubliez pas que la métadonnée fait vendre (heure d’envoi, IP, appareil).
Messenger et Snapchat : options comparées
Ces deux mastodontes sont loin d’être équivalents sur le plan du respect de la vie privée.
- Messenger : partage ponctuel ou live dans une discussion (« Emplacement » via le +), visible seulement par le destinataire ; peu d’options avancées. Pas de chiffrement systématique par défaut !
- Snapchat : Snap Map permet de partager sa position à tous ses amis ou en groupe restreint ; désactivé par défaut, possibilité de « mode fantôme ». Affichage très visuel mais moins fin sur la durée du partage.
Sécurité et chiffrement
Plateforme | Note de confidentialité |
---|---|
🔒🔒🔒🔒🔒 | |
Messenger | 🔒🔒🔒 |
Snapchat | 🔒🔒 |
Apple chiffre mieux avec iMessage ; chez Google et Facebook, on parle beaucoup… mais l’implémentation réelle varie selon les régions. Anecdote : lors d’un pentest en 2022, j’ai pu extraire des logs Messenger non chiffrés sur Android — pire qu’un mot de passe sur un post-it.
Envoyer sa localisation par SMS ou iMessage
Partager sa position via SMS ou iMessage, c'est l'option de dernier recours ou la solution universelle quand tout le reste échoue – mais gare au revers technique. La simplicité masque une brutalité : ici, pas de chiffrement natif, chaque coordonnée circule en clair, à la merci des opérateurs et curieux en tout genre.
SMS Android : utiliser l’app Messages
Envoyer sa géolocalisation par SMS sur Android exploite une fonctionnalité souvent planquée derrière trois menus absurdes.
- Ouvrir l’appli Messages.
- Appuyer sur le bouton + (ou trombone), sélectionner « Localisation ».
- Accepter l’accès GPS si besoin.
- Copier/coller manuellement les coordonnées affichées (latitude/longitude) ou le lien Google Maps dans le corps du message.
- Envoyer au contact souhaité — sans contrôle ni traçabilité fine !
Coquille que beaucoup ratent : les métadonnées de localisation non chiffrées transitent par les serveurs opérateurs, accessibles à tout pirate motivé et à votre FAI...
iMessage : fonction accompagnement d’iOS 17
Avec iOS 17, Apple introduit un accompagnement en direct dans iMessage : ouvrez Messages, appuyez sur + puis « Localisation » et choisissez « Accompagnement ». L’interface affiche la position partagée en temps réel avec chronomètre et notification automatique d’arrivée. Plus besoin d’utiliser Apple Maps séparément : la surveillance est désormais intégrée à la conversation…
« Même un SMS peut devenir un tueur silencieux » — Antonin Mauclair
Limites et précautions
Même si l’instinct pousse à choisir la voie rapide du SMS, il faut regarder les failles bien en face : messages non chiffrés interceptables (par opérateur, État, hacker de base), logs conservés plusieurs jours sans consentement clair et aucune garantie d’effacement réel chez l’opérateur.
Applications dédiées et solutions alternatives
À force de parler de Google ou d’Apple, on oublie les méthodes plus "matérielles" ou celles qui exploitent la faille du gratuit contre votre vie privée. Petit tour des options qui échappent (presque) au radar algorithmique officiel.
Traceurs GPS autonomes
Ces boîtiers compacts, souvent planqués dans un sac ou une poche de blouson, servent à suivre véhicules, proches vulnérables ou objets précieux. Ils fonctionnent sans smartphone : signal GPS intégré, carte SIM pour envoyer la position par SMS ou appli dédiée. Utilisés en entreprise (flotte auto, suivi colis), ils rassurent des familles… tout en accumulant leur lot de logs côté serveur et constructeurs !
Appareil | Autonomie | Précision | Prix |
---|---|---|---|
Invoxia Tracker | 2-6 mois | 15 mètres | ~100 € |
Weenect Kids | 1 semaine | 10 mètres | ~80 € |
PAJ GPS Allround | 20 jours | 5 mètres | ~50–120 € |

Applications de suivi familial (Life360, Glympse)
Impossible de ne pas mentionner ces apps obsédées par le cercle familial – mais dont le vrai business reste la collecte massive de données.
- Life360 : Suivi temps réel, historique des déplacements, alertes arrivée/départ zones prédéfinies. Fonctionnalités « bien-être », SOS, batterie partagée. Limite : application intrusive, tracking permanent dès que les autorisations sont accordées.
- Glympse : Partage temporaire (15 min à 4 h max), accès via web/app sans inscription obligatoire pour le destinataire. Moins invasive : pas d’historique long terme, mais logs côté serveur pendant la session.
- Les deux exploitent vos métadonnées : Life360 revendique anonymisation... jusqu’à ce que la pub ciblée débarque sur vos autres devices !
Intégration avec Uber ou services tiers
Besoin d’une solution en mobilité ? Uber permet de générer un lien partageable pour suivre votre trajet en temps réel — pratique… mais chaque clic laisse une empreinte dans l’historique du compte et parfois même chez le destinataire si celui-ci se connecte à partir d’un appareil Google déjà lié.
- Ouvrir l’app Uber pendant une course active.
- Appuyer sur « Partager mon trajet » ou « Statut » dans les détails du voyage.
- Sélectionner un contact (SMS/email/lien).
- Le destinataire reçoit un lien web affichant position et ETA… tant que la course dure.
Ce type de partage paraît anodin — jusqu’au jour où vous réalisez que le log d’accès a survécu à trois réinstallations successives.
Confidentialité et sécurité du partage de localisation
Qui imagine encore que la géolocalisation serait « privée » par défaut ? On se rassure, mais l’écosystème Android/iOS raffole de nos déplacements. Voici un mode d’emploi sans filtre pour ne pas finir comme une ligne de plus dans les logs marketing de Google ou Apple.
Paramètres de confidentialité Android et iOS
Sur Android, rendez-vous dans Paramètres > Localisation ou Services de localisation Google : ici, cochez (ou décochez) chaque appli, vérifiez l’accès en arrière-plan et désactivez l’« Historique des positions ».
Sur iPhone : ouvrez Réglages > Confidentialité > Service de localisation. Ajustez les permissions appli par appli (« Jamais », « App active », « Toujours »), coupez l’historique significatif et jetez un œil aux autorisations système obscures (genre pub ciblée, que personne ne lit chez Phonandroid).
Checklist :
- Autorisations triées pour chaque app (pas d’accès perpétuel par défaut)
- Accès en arrière-plan désactivé hors nécessité réelle
- Nettoyage régulier de l’historique de localisation

Désactivation automatique vs manuelle
Arrêter le partage automatiquement (limite horaire) semble malin : moins d’oubli, moins d’exposition. Mais ça ne supprime jamais les logs côté serveur. L’arrêt manuel permet une coupure instantanée… à condition d’y penser ET de faire le ménage derrière !
Avantages/Désavantages :
- Automatique :
- ✅ Réduit l’exposition accidentelle
- ❌ Laisse une trace jusqu’à expiration (et souvent après)
- Manuelle :
- ✅ Contrôle total immédiat si actionné vite
- ❌ Oublis fréquents – logs persistants jusqu’à purge complète… parfois utopique !
Risques potentiels et bonnes pratiques
Le partage expose à bien plus que ce qu’on prétend protéger. Les liens envoyés peuvent être interceptés, réutilisés pour du hameçonnage ou alimenter des bases tierces. Chaque appli se gave des métadonnées invisibles aux yeux naïfs.
Checklist prudence :
- Ne jamais réutiliser un lien de partage déjà diffusé publiquement
- Limiter la durée au strict nécessaire à chaque usage
- Nettoyer régulièrement les métadonnées dans vos comptes/appareils (historique Google, localisations Apple)
- Désactiver la géolocalisation quand inutile pour éviter la collecte passive non annoncée !
Tant que l’utilisateur croit contrôler sa localisation, il oublie qui garde vraiment les clés du coffre.
Conseils annexes pour un partage sans fausse note
Personne n’a envie d’offrir ses déplacements sur un plateau aux régies publicitaires ou à un administrateur système trop curieux. Pourtant, il suffit de trois oublis et c’est open bar dans vos données persos – la vigilance doit devenir réflexe. Voici comment muscler vos habitudes.
Vérifier les permissions système
Inspectez TOUS les mois les autorisations de localisation accordées à vos apps – la plupart s’en octroient plus qu’elles ne devraient. Sur Android : Paramètres > Localisation > Autorisations des applications. Sur iOS : Réglages > Confidentialité > Service de localisation.

Checklist : permissions critiques à auditer
- Accès permanent vs seulement quand l’app est active
- Accès en arrière-plan (même écran éteint)
- Apps qui réclament la localisation sans besoin évident (jeux, lampe torche… sérieusement ?)
- Services système obscurs type "pub ciblée" ou "analyse d’utilisation"
- Synchronisation avec d’autres appareils (partage involontaire via le cloud)
Nettoyer l’historique de localisation
Supprimer votre historique n’est pas du luxe : Google, Apple et consorts adorent garder trace des moindres trajets. L’option pour purger existe, mais planquée dans des menus volontairement labyrinthiques.

Étapes pour supprimer l’historique sur Android et iOS
- Google Maps (Android/iOS) :
- Ouvrir l'app > photo de profil > "Votre chronologie"
- Menu trois points > « Paramètres et confidentialité »
- « Supprimer tout l’historique des positions » ou sélection manuelle par date/lieu
- iOS / Apple Maps :
- Réglages > Confidentialité > Services système > Lieux importants > Effacer historique
- Pour une purge avancée, désactivez aussi l’« Amélioration produit » liée à Maps
- Activez si possible la suppression automatique des positions tous les 3 mois (pas défaut chez Google… jamais chez Apple).
Surveillance des métadonnées
Le vrai nerf de la guerre reste les logs internes. Peu d’utilisateurs prennent le temps d’analyser ce que leur smartphone archive derrière leur dos ! Un script maison ou une app spécialisée fait très bien le travail.

Outils/commandes recommandés :
- Android (rooté) : adb shell dumpsys location
permet d’inspecter les logs GPS ; adb logcat | grep location
pour filtrer en temps réel.
- iOS (Jailbreak) : Utilisez Filza File Manager pour explorer /var/mobile/Library/Caches/locationd
- App tierce : Exodus Privacy analyse aussi permissions et trackers sur chaque app installée.
- Si vous êtes allergique au terminal : préférer une réinitialisation complète du service localisation… mais attention, ce n’est JAMAIS instantané ni garanti à 100%.
Un audit rapide vaut mieux que dix minutes passées à pleurer ses données vendues.
Synthèse et recommandations pratiques
Il n’existe pas de méthode « neutre » pour partager sa localisation – chaque solution dissimule son lot de failles et d’arrières-boutiques où vos données circulent. La priorité absolue : privilégier la maîtrise, la rapidité d’exécution… et entretenir une paranoïa constructive.
Récapitulatif des méthodes
- Google Maps : partage en direct ou limité dans le temps, manuel ou via lien unique.
- WhatsApp/Messenger/Snapchat : envoi statique ou suivi live, avec des niveaux de confidentialité variables (et du log à gogo).
- SMS/iMessage : partage universel mais non chiffré, parfois risqué.
- Applications dédiées/Life360/Glympse/Uber : suivi familial, objets ou trajets ponctuels, souvent intrusif par défaut.
Checklist de sécurité
- [ ] Auditer chaque permission d’accès à la localisation appli par appli (pas de « toujours » sans vrai besoin)
- [ ] Nettoyer régulièrement l’historique et les logs associés, y compris dans Google Maps et Apple Maps
- [ ] Éviter tout partage public ou ré-exploitation d’un lien déjà utilisé
- [ ] Désactiver les services de localisation lorsque non indispensables (surtout sur Android)
- [ ] Privilégier un moyen chiffré si possible ; bannir l’envoi de coordonnées exactes par SMS classique
- [ ] Contrôler qui peut réellement accéder à votre position, même après avoir stoppé le partage
Prendre quelques minutes pour vérifier et nettoyer vos autorisations peut vous épargner bien des désagréments.